BUCHER

Le monde de Magalie BUCHER a le parfum des jours ordinaires d’antan. Mises en scène à l’ancienne, sans référence de temps ou d’espace, perspectives simplifiées, couleurs tendres à peine fanées, poses un peu empruntées comme dans les vieilles photographies. 

L’option est délibérée : ne pas s’en remettre aux canons internationaux du mode de vie livré en ligne, et mettre en exergue la banalité quotidienne qui puise aussi ses racines dans le passé.
Cette expression artistique lance un pont au-dessus des décennies, comme pour donner la main au dessinateur Joseph PINCHON, le père amiénois de Bécassine, le précurseur de la bande dessinée moderne. Les similitudes avec la bande dessinée se prolongent : les créations de Magalie BUCHER n’hésitent pas à convoquer toutes sortes d’animaux dans des cohabitations en décalage, et leurs thèmes se déclinent en séries.

« Je pense toujours à mes tableaux. Je n’ai jamais l’esprit libre. Avant de commencer une série, j’y réfléchis pendant plusieurs mois. Et au moment de commencer une toile, je gamberge. Je commence par dessiner, directement sur la toile, au fusain. Je n’aime pas réussir mon trait du premier coup. »

Magalie BUCHER a toujours dessiné. Diplômée d’école d’art, elle n’a pas toujours été peintre. Mais le dessin a toujours été pour elle une passion. La qualité de son trait, proche de la ligne claire, ainsi que la sophistication de ses couleurs sont caractéristiques de son travail, qu’on assimilerait à tort à un art naïf. 

Une fois le dessin fixé débute en effet un travail de peinture complexe, superposant les bleus, les jaunes et les rouges qui vont définir les chairs, continuant par couches successives d’acrylique, pratiquement sans dilution. La finition met en œuvre la peinture à l’huile, le pastel, la poudre de marbre, et différents ponçages.

L’artiste est née en 1971. Elle vit et travaille à Tours. Ses œuvres, exposées surtout dans l’Ouest de la France, sont présentées pour la seconde fois à la Galerie MAZNEL.

BRANDY

Lucette BRANDY est née en 1953 ; elle vit près de Limoges.

Elle travaille dans une vieille halle à marchandises qu’elle a transformée en atelier lumineux face à la gare d’un petit village. Les portes de ce haut bâtiment ouvrent sur un monde de poésie bonhomme, où de très grandes sculptures, blanches et pleines d’ironie affectueuse, attendent d’entreprendre le voyage vers la fonderie ou un lieu d’exposition hors norme. Plus loin, des œuvres de tailles moins monumentales prolongent la même rêverie moqueuse, faite d’embonpoints paisibles et de rondeurs douces au regard et au toucher. 

La grâce de FOLON n’est pas loin. LA FONTAINE se réjouirait de la belle prestance des animaux. Et l’humanité des personnages rejoint celle des héros de Jacques TATI : ce n’est pas une caricature mais un reflet affectueux de la façon dont les autres nous voient.

Le parcours de Lucette BRANDY témoigne de son ancrage local. Après une école d’art décoratif à Limoges, elle s’est consacrée à la décoration de porcelaine, dans l’atelier HAVILAND puis en indépendante. Elle s’est ensuite naturellement orientée vers la peinture pour se fixer définitivement sur la sculpture. Sculpture en plâtre, en bronze, en biscuit – Limoges toujours -, et pour cette exposition en papier mâché.

Les œuvres de cette artiste confirmée font l’objet d’expositions régulières en France depuis 1991, tant en galeries qu’en musées et manifestations culturelles. La Galerie MAZNEL les présente pour la troisième fois. 

Lucette BRANDY a participé en 2021 à l’exposition Dixsemblables, lauréat du réseau Astre, réseau d’arts plastiques et visuels en Nouvelle Aquitaine.

BONTE

“Chercheur de silence », « cabane du lac » ou « pontao salgado » : les titres de ses creations mettent aussitôt sur le chemin de voyages suspendus entre l’eau et l’air. Le monde que façonne Isabelle BONTE est tout empreint de légèreté : la mer au pied des échelles de pêcheur est si calme et si transparente qu’on s’y voit flotter naturellement, les roseaux ondulent à peine et là-haut les cirrus inoffensifs prennent leur repos dans des cages à nuages. Votre esprit déjà vagabonde, renoue avec l’enfance, repart vers des idées de rencontres et de nature, s’approche des repères haut perchés ou des embarcations accostées aux pontons : bienvenue dans la poésie du fil de fer.

Isabelle BONTE habite et travaille en Ile de France. Née en 1968, elle a exploré un maximum de disciplines à l’Ecole des Beaux Arts de Toulouse puis à Paris aux Arts Décoratifs, où elle s’est passionnée pour la gravure, la céramique et l’alliance entre technique et art. Après une brève incursion dans l’architecture d’intérieur, elle a définitivement opté pour la création d’objets. Depuis près de quinze ans maintenant elle sculpte et confère à son fil un pouvoir évocateur puissant et original.

Structure de son travail, le fil de fer est en acier recuit, brun au reflet bleuté. Nerveux et tendre à la fois, il se plie ou impose une direction que l’artiste suit avec curiosité. Pas de soudure, le fil est ligaturé. Il s’allie à la tarlatane, une étoffe de coton à tissage très lâche et très apprêté, utilisée pour les patrons en couture. La tarlatane teintée se transforme en cloisons discrètes ouvertes au vent. « Brun du fil, café de tarlatane, blanc de nuage. Le fil structure la fragilité, la tarlatane la révèle ». Et la lumière vient redéfinir la matière en révélant ombres et esquisses en lévitation. « Ne pas tout dire, créer l’essentiel et suggérer le reste. »

L’artiste aime le travail du japonais Hayao MYASAKI, l’auteur des films d’animation Le Château dans le Ciel ou Le Voyage de Chihiro. Comme le cinéaste qui fait voler îles et châteaux, Isabelle BONTE laisse se déployer l’imaginaire de son public dans ses poèmes filaires. C’est ainsi que se prolonge l’histoire des pêcheurs de graines ou des éleveurs de poissons volants, personnages invisibles mais dont l’âme court le long des fils…

Isabelle BONTE a participé à plusieurs ouvrages et collaboré à divers magazines de loisirs créatifs. Ses oeuvres ont été exposées à Paris, en région parisienne, à Nice, au Japon, en Suisse et en Grèce.

BENOIT BASSET

Née à Innsbruck, BENOIT BASSET quitte l’Autriche à 7 ans pour ne jamais vraiment se fixer : entre l’Algérie et les 4 coins de la France, son parcours aux racines multiples nourrit un imaginaire peu commun.
Elle a fait des études de philosophie.
Elle vit aujourd’hui en Auvergne. 

Ses huiles revisitent BOSCH, BRUEGHEL voire GOYA en conduisant le spectateur dans un monde fait d’ambiances tout à la fois médiévales, futuristes et mystérieuses. Certes les atours riches y renvoient un lointain écho de la Renaissance. Pour autant ces bijoux et ces parures somptueuses trahissent une inspiration résolument moderne, sous des lignes que ne renieraient pas Black et Mortimer, Star Wars ou Game of Thrones. Au-delà du relief des tissus, des plis des drapés ou des coiffes vertigineuses, l’étrange et le secret irriguent chaque tableau.

Raffinement de coloriste, la mise en scène est surtout un prétexte. Tout repère chronologique et géographique disparaît derrière un fond généralement noir, fait pour souligner une comédie humaine campée avec sarcasme. Elle y déroule une procession de personnages surnaturels ou extravagants, à la prestance ambiguë. Les très longs doigts disent l’opulence, l’ostentation, l’érotisme d’une société qui privilégie l’apparence et le factice. Les bouches mutiques laissent les yeux parler et les regards avouent la concupiscence, l’intrigue et l’envie du pouvoir. L’artiste cache ainsi derrière l’énigme sa vision caustique contemporaine.

BENOIT-BASSET a présenté ses peintures dans de nombreuses galeries en France, en Belgique, en Suisse et en Chine.

Elle travaille avec acharnement et minutie. N’utilisant pas de dessin préalable, elle se laisse guider par les représentations qu’elle a en tête. Le temps de séchage de l’huile impose de multiples sessions, entre lesquelles s’intercale la création de plusieurs autres toiles. Cette élaboration simultanée accouche de scènes qui semblent s’imbriquer, telles une sorte de manga.
Mais au bord de la rivière toute proche une glycine impressionnante camoufle la maison de cette artiste chaleureuse ; et l’on n’imagine pas que dans ce cadre bucolique puisse naître une satire aussi incisive.  

LUDWICZAK

Michèle LUDWICZAK s’intéresse aux cultures où l’homme vit différemment sa relation avec la nature et avec le temps. Elle est sensible à l’élégance morale des attitudes, à la force qui émane des regards, à la beauté du grain de peau, à la couleur du sable ou de la terre : ses sculptures africaines illustrent cette fascination.
L’artiste dit aussi son admiration pour Camille Claudel, Honoré Daumier, Fanny Ferré et Ousmane Sow.

Passionnée par le travail de la terre, elle a conduit son apprentissage auprès de maîtres de renom : les émaux avec Marc Uzan, le raku avec Gilles Acker, la construction de fours et cuissons primitives à la Maison de la Céramique de Mulhouse, l’art céramique avec Thiébaut Dietrich.
Ses sculptures sont réalisées par modelage, en grès chamotté. La terre est totalement blanche à l’issue d’une première cuisson en four électrique. Puis, au cours d’une seconde cuisson avec enfumage dans la sciure, elle capte le carbone dégagé lors de cette opération d’inspiration primitive : au final, l’aspect mat des sculptures se décline du blanc au noir en jouant avec toutes les nuances de gris. Des pigments sous forme d’oxyde ou des engobes apportent les quelques couleurs recherchées.

Dès 2011 les créations de Michèle LUDWICZAK ont naturellement trouvé leur place au Musée National de l’Histoire de l’Immigration à Paris pour une exposition au thème prémonitoire : « Les migrations subsahariennes en France, par delà les clichés, des richesses à valoriser ». Aujourd’hui, à l’heure où la situation des migrants est devenue un thème politique et polémique international, ses sculptures apportent toujours une référence de beauté naturelle et d’humanité profonde, à verser à ce débat très actuel.

La sculpteure vit et travaille en Alsace. Ses oeuvres, exposées essentiellement en France, ont reçu au Salon des Quarante de Saint Louis le prix de la Ville et celui du Jury en 2005, ainsi qu’un prix de sculpture à Fribourg en 2002

THIBAUD

« La peinture de Claude A. THIBAUD est complexe, pleine de sous-entendus, ouverte à de nombreuses interprétations, énigmatique. Mais les toiles, se complétant les unes les autres, finissent par créer un univers qui, dans sa globalité, possède une vraie harmonie et forme un monde très cohérent, dans sa palette et dans ses constructions. » (Art Majeur)

Les personnages évoluent souvent dans le vide. Ils ont un aspect pâle, commun à tous, pas de tête très expressive, pas d’âge évident qui les distinguerait les uns des autres, mais un regard insistant. Ils sont pour la plupart nus. Bref des personnages anonymes dans un univers anonyme.
Neutralité que viennent acérer des postures déformées et des contours fantomatiques qui s’affranchissent des règles anatomiques.
Le temps semble s’être provisoirement arrêté.
L’artiste ne fait pas dans la séduction facile : aucun décor pour meubler le silence ou au mieux les murmures que semblent véhiculer ses tableaux. Juste un jeu d’aplats de couleurs où le noir mystérieux tient souvent une place importante : un metteur en scène épris de minimalisme pour une pièce de théâtre d’avant-garde n’aurait pas fait mieux.

Il faut aller au-delà de ces apparences peu engageantes. Car il se déroule sur ces toiles un scenario inachevé : le geste figé, le costume vague, l’environnement sans référence attendent que le spectateur s’empare de la scène pour devenir réalisateur.
Ces spectres n’en sont pas, ils portent le blanc du pantomime ou même un masque pour ne pas se laisser deviner. Des acteurs sans partition mais pas sans répertoire.
Dépassez les apparences car ils dansent, ils font de la gymnastique, ils vont aux bains-douches, ils mènent leurs troupeaux, ils s’enlacent.
La question n’est pas celle de leur beauté, même si les mariés en noeud papillon et voilette irradient presque. C’est celle du mouvement que vous allez leur accorder : cette humanité plutôt déstructurée voire poignante – que ce soit par la vieillesse, la maladie ou la pauvreté – est capable d’être aérienne, pour peu qu’on lui donne foi.

Claude A. THIBAUD est né en 1948 en France puis a fait ses études aux Etats Unis, où il a étudié les Beaux-Arts à New York. Il est membre du mouvement Figuration Critique et son style exprime un univers à la Francis BACON.
L’artiste peint lentement, guère plus d’une toile par mois. Il expose en France et parfois à Pékin.
Il vit et travaille en plein causse au sud de Cahors.

PAINTER

Andrew PAINTER serait assez anti-conformiste. En particulier il n’aime pas se présenter avec l’habituelle liste d’expositions, de lieux, de dates et de circonvolutions ampoulées. Il préfère apparaître au travers de ses propres peintures.

Les peintures d’Andrew PAINTER seraient également assez anti-conformistes. Elles sortent de l’antre d’un farceur pince-sans-rire qui aime s’amuser. L’artiste y distille une sorte d’exubérance colorée.
Les précédentes expositions à la galerie de ses huiles puis de ses aquarelles accumulaient ainsi des chaises qui décollent, des sacs qui volent, des cravates qui battent au vent. Cette nouvelle collection met à l’honneur « les dames, qui font on ne peut pas savoir quoi ni pourquoi, qui dominent… »

« Mes tableaux montrent des mises-en-scène, brassées dans ma tête, dans lesquelles nous ne sommes pas sûrs de ce qu’il se passe, de ce qu’il vient de se passer, de ce qu’il va se passer. Mais quelque chose se passe ! Le sens est issu de ce rapport entre celui qui regarde et cette percolation, ou torréfaction, dans laquelle il met, ou pas, son sucre ». Libre à chacun d’interpréter ces situations cocasses.
« Les personnages sont là, les uns à côté des autres. Ils sont un instant figés avant de partir ailleurs ». Mais ils véhiculent un petit grain de folie qui vient bousculer l’ordre établi. Leurs attributs éventuels qui volent en sont un peu le symbole : « C’est comme un commentaire politique : ça fait de l’effet sur l’autre. Ils ont pour mission de forger un état d’esprit. S’ils ne sont plus à leur place normale, c’est comme une oxydation de la vision : ils dénotent, ils décalent, et ils modifient la lecture ».

Les titres des oeuvres se mettent à l’unisson de cet humour très britannique. Leur longueur bat souvent en brèche l’organisation rationnelle des catalogues…
Prenez le temps de découvrir et de savourer ces intitulés mutant en descriptions à rallonges. Peut-être est-ce en fait de la poésie ?

Car l’artiste est aussi poète. Lorsqu’en 1988 il s’installe à Angers, il décide en effet de se consacrer à l’enseignement et à la poésie. Mais des collectionneurs le pousseront à s’engager exclusivement pour la peinture. Avec succès : il expose aujourd‘hui dans plusieurs galeries en France, en Belgique, en Grande-Bretagne et en Irlande.

Andrew PAINTER est né en 1957 en Angleterre. Il a passé un an à Calcutta et voue une passion à l’Inde, où il voyage régulièrement : le décor de fond de certains tableaux en est parfois empreint. Vous prendrez un sucre ou une cardamome avec votre tableau ?

MALAGRE

Anita MALAGRÉ est née en 1947. Elle est diplômée des Arts Modernes de Paris. Elle vit et travaille à Paris et en Normandie.

Son travail subtil joue savamment sur les contraires : présence d’un dessin précis dans une perception globale de flou et d’absence, harmonie paisible de compositions en déséquilibre, lumière et opacité, rugosité et espaces lisses, morcellement et vide intégrant une verticalité et une structure forte. C’est un mariage complexe et raffiné de la douceur et de la force.

Anita MALAGRÉ vit pour son art, la musique est sa muse. «Peindre, douloureuse certitude de ne pouvoir traduire au mieux les flux qui me traversent. Mais sans cet acte, ma vie serait plombée à l’infini. » Elle compose ses toiles comme on part à l’aventure, sans boussole ni repères, mais tous les sens aiguisés, à l’affût des sensations qui guident sa main au son des variations Goldberg de Bach, d’un jazz enveloppant ou des sonorités de la guitare classique vénézuélienne. Peu à peu, un monde apparaît, se dessine, s’impose. Longues hésitations, lent mûrissement, des jours durant, pour s’assurer de la justesse d’un trait, d’une intention, tant les possibles sont ouverts.

Sur la toile de lin s’imbriquent des papiers de Japon, Chine, Corée, déchirés, froissés, poncés, rehaussés de quelques touches colorées. Ils viennent se noyer dans les nuances sourdes de l’acrylique dilué en multiples couches translucides. Les teintes privilégient la variation sans fin des gris doux, qui virent soit vers le bleu, soit vers l`ocre, parfois zébrés d’éclairs de lumière blanche. L’acrylique mat s’y oppose à la légèreté transparente des fibres collées.

Ainsi naît un univers suggéré : aux influences plutôt maritimes de la précédente exposition d’Anita MALAGRÉ à la galerie succèdent aujourd’hui architectures accrochées aux collines, strates rocheuses, horizons en suspens, nervures de murailles ou blocs de forteresses. Sable et Ville, Arche, Ciment-Ville, Mégapole, Ville en Bloc jalonnent ainsi cette expression artistique aux limites de l’abstraction et de la figuration allusive.

L’artiste expose régulièrement depuis 1977 et a été invitée d’honneur de salons parisiens. En galerie elle est présente principalement en région parisienne, dans le Vaucluse et en Suisse.

HUMBERT

Dominique HUMBERT travaille la laque.
Initialement formée en Histoire de l’Art à l’École du Louvre, elle a repris des études au Vietnam, aux Beaux-Arts de Hanoï et à Hué auprès d’un maître laqueur, avant de créer son propre atelier en 2011. Née en 1971, elle vit et travaille à Paris. Ses oeuvres ont été exposées en France, à Bruxelles, Hong Kong, Londres, au Brésil, en Chine et au Japon.

Son goût pour l’expérimentation l’a conduite à renouveler l’art ancestral asiatique de la laque. Elle n’en renie pas pour autant les fondements : un rythme infiniment lent et une répétition quasi obsessionnelle du geste, dans un travail patient de plusieurs mois, qui nécessite jusqu’à 20 couches successives.

Mais elle se garde de suivre les standards traditionnels de la technique. Après avoir préparé le support de bois avec un enduit traditionnel et de la laque pure, elle introduit des matières plus épaisses, granuleuses, fibreuses ou tramées, qui vont modifier le toucher et l’aspect. La laque, mêlée à des pigments colorés et servant de liant entre ces éléments, recouvre ensuite la surface en couches multiples. L’artiste procède enfin à des ponçages minutieux, qui feront apparaître progressivement les pellicules de matières solides et de laque des couches inférieures : en distinguant dans l’image aboutie des fragments du passé, l’oeil remonte le temps dans un jeu subtil entre opacité et transparence.

L’originalité de ces créations tient à une surface plus vivante et plus brute, qui joue sur les trames apparentes, les incrustations, les griffures, la peau ridée du vernis. « Progressivement je m’affranchis de la quête de la perfection du rendu communément associée à l’esthétique de la laque. Je m’éloigne de la tradition pour la revitaliser. »

« Visuellement je joue avec l’illusion de la profondeur sans recourir à la perspective. A cet égard je fais se rencontrer la tradition orientale de la laque et l’usage occidental du glacis, spécifique à la peinture européenne dès la Renaissance. »

« Les formes organiques contribuent à ce que mon travail véhicule des idées d’universalité et d’intemporalité présentes dans le monde naturel. Dans mon travail sont conjugués des éléments mis en tension : l’infiniment petit est souvent lié à l’infiniment grand de manière à reconfigurer la place de l’homme dans l’univers. »

JURGA

JURGA est bien connue des habitués de la galerie, où ses œuvres sont exposées en permanence depuis plus de 10 ans. Et des centaines de milliers d’admirateurs qui la suivent sur les réseaux sociaux.
La popularité de l’artiste tient à la qualité de son travail et à l’émotion que ses sculptures suscitent auprès des publics de tous les continents, quelle qu’en soit leur culture.

Le thème est celui du sentiment de notre propre fragilité. Pour l’exprimer, JURGA sculpte presqu’exclusivement des enfants ou de jeunes adultes. Ce faisant, elle nous incite à ne pas étouffer notre cœur, à ne pas capituler devant un monde qui exige force et raison.

Travaillant sans modèle, car la sculpture n’est ni descriptive ni réaliste, elle laisse ses doigts traduire sa propre émotion : la joie ou la tristesse, le défi ou le sentiment d’abandon, la satisfaction de la réussite ou la timidité, la déception ou l’attente. Une palette de sentiments retenus, en écho à la sensibilité et à l’histoire de la Lituanie, dont elle est originaire et qui la concerne toujours beaucoup.

La contemplation d’une sculpture de JURGA est dès lors une consolation universelle ; ses créatures rompent notre propre solitude par la compréhension qu’elles semblent nous témoigner.

Proposant initialement des œuvres en terre, l’artiste a ensuite préféré les bronzes à patine monochrome ou polychrome. Sa dextérité s’exprime dans l’expression des visages et des corps, et reflète sa sensibilité et son empathie.
Parmi ses grandes références, JURGA cite SOUTINE, CARPEAUX et RODIN. Et ses contemporains Paul DAY, Andy ANDERSON, CODERCH & MALAVIA, ou Mitsy GROENENDIJK.

Notoriété oblige, son atelier à Beaune, en Bourgogne, n’est pas accessible au public. Elle consacre par ailleurs près de la moitié de son temps au travail à la fonderie, principalement chez Barthelemy Art dans la Drôme. Ce rythme astreignant lui permet d’intervenir personnellement à plusieurs étapes essentielles du processus de fabrication des bronzes : la finition méticuleuse de chacun des exemplaires en cire perdue, la supervision du ciselage, et le patinage.Née en 1977, JURGA vit en France depuis une vingtaine d’années.
Récemment, elle a réalisé des créations monumentales à la demande de plusieurs villes françaises : comme ses premières œuvres, ces sculptures se veulent proches des visiteurs, à la demande expresse de l’artiste. « Des ailes pour voler », sa sculpture créée pour l’Entrepôt des sels de Saint-Valery-sur-Somme, en témoigne.