Dominique HUMBERT travaille la laque.
Initialement formée en Histoire de l’Art à l’École du Louvre, elle a repris des études au Vietnam, aux Beaux-Arts de Hanoï et à Hué auprès d’un maître laqueur, avant de créer son propre atelier en 2011. Née en 1971, elle vit et travaille à Paris. Ses oeuvres ont été exposées en France, à Bruxelles, Hong Kong, Londres, au Brésil, en Chine et au Japon.
Son goût pour l’expérimentation l’a conduite à renouveler l’art ancestral asiatique de la laque. Elle n’en renie pas pour autant les fondements : un rythme infiniment lent et une répétition quasi obsessionnelle du geste, dans un travail patient de plusieurs mois, qui nécessite jusqu’à 20 couches successives.
Mais elle se garde de suivre les standards traditionnels de la technique. Après avoir préparé le support de bois avec un enduit traditionnel et de la laque pure, elle introduit des matières plus épaisses, granuleuses, fibreuses ou tramées, qui vont modifier le toucher et l’aspect. La laque, mêlée à des pigments colorés et servant de liant entre ces éléments, recouvre ensuite la surface en couches multiples. L’artiste procède enfin à des ponçages minutieux, qui feront apparaître progressivement les pellicules de matières solides et de laque des couches inférieures : en distinguant dans l’image aboutie des fragments du passé, l’oeil remonte le temps dans un jeu subtil entre opacité et transparence.
L’originalité de ces créations tient à une surface plus vivante et plus brute, qui joue sur les trames apparentes, les incrustations, les griffures, la peau ridée du vernis. « Progressivement je m’affranchis de la quête de la perfection du rendu communément associée à l’esthétique de la laque. Je m’éloigne de la tradition pour la revitaliser. »
« Visuellement je joue avec l’illusion de la profondeur sans recourir à la perspective. A cet égard je fais se rencontrer la tradition orientale de la laque et l’usage occidental du glacis, spécifique à la peinture européenne dès la Renaissance. »
« Les formes organiques contribuent à ce que mon travail véhicule des idées d’universalité et d’intemporalité présentes dans le monde naturel. Dans mon travail sont conjugués des éléments mis en tension : l’infiniment petit est souvent lié à l’infiniment grand de manière à reconfigurer la place de l’homme dans l’univers. »