Le Carré blanc sur fond blanc de MALEVITCH, les géométries aux couleurs primaires de MONDRIAN, les fragmentations issues des pixels, les motifs de l’Opéra Bastille ont souligné la présence du carré dans l’art contemporain. De même Elisabeth von WREDE s’est emparée de cette forme parfaite, qui anime l’ensemble de ses créations.
Dans chacune des toiles, le carré blanc, multiplié avec précision en multiples innombrables passés au couteau, vient masquer pour mieux révéler.
Masquer les couleurs à l’huile, pour en faire éclater les vibrations, sur des surfaces comprimées où elles se concentrent. Masquer jusqu’aux mots accumulés sur les toiles de la précédente série des Secrets, pour ne dévoiler que quelques repères du message.
Jouer de ces milliers de particules élémentaires qui rythment et accrochent la lumière, tels les volets d’une façade méditerranéenne. Provoquer une certaine frustration de celui qui cherche à deviner ce qui est caché derrière ces persiennes.
L’artiste nous livre des compositions très lumineuses et fortement structurées, de plus en plus vastes. Les couches successives qui éclateront en couleurs représentent une démarche en énergie et en rondeurs ; à l’opposé la mise en place des carrés blancs est le fruit d’une élaboration patiente, toute en douceur.
Sa troisième exposition à la Galerie MAZNEL présente quelques sculptures qui mettent en œuvre les mêmes principes esthétiques : dans un univers de transparence les suspensions de papier aériennes et colorées semblent échappées de ses tableaux.
Elisabeth von WREDE est née en Allemagne en 1968. Sa famille côtoie des artistes qui l’influenceront : Heinz MACK pour les effets de lumière sur des écrans transparents, Günther UECKER pour ses recherches cinétiques.
Durant plusieurs années elle étudie et découvre la peinture auprès de l’artiste japonais Keiji UEMATSU, qui explore l’opposition entre nature et architecture.
Arrivée en France, elle multiplie les formations comme la reliure d’art ou la peinture sur cuir auprès d’artistes tels la hongroise Sün EVRARD et le français Florent ROUSSEAU. Cette proximité se traduira par l’apparition de mots dans ses toiles.
Elle suit une formation auprès de Thibault DE RÉIMPRÉ, proche de l’abstraction lyrique, qui inspirera ses futures fenêtres multicolores.
Puis elle choisit de se consacrer pleinement à la peinture. Après avoir vécu longtemps en Touraine, c’est désormais dans le Luberon qu’elle crée les œuvres exposées dans ses galeries françaises et belges.
La Fondation Vuitton expose une de ses toiles au Bon Marché à Paris, une autre a été sélectionnée pour le magasin de Hong Kong. Quant aux sculptures, elles ont fait l’objet de commandes publiques par les villes de Tours et de Saint Cyr sur Loire.