Sa maison de Seine et Marne, pleine de couleurs exubérantes, de musique et de chansons, reflète sa démarche artistique : Chantal WEIREY veut nous apporter un peu de gaité. Et, face aux questions sur le sens philosophique de ses créations, elle ne se départit pas d’une grande discrétion, et se protège derrière des arguments techniques.
Tout au plus concède-t-elle « un rapport étroit à l’enfance, et au monde naïf. Mais pas seulement naïf. Le monde un peu doux, aux formes un peu rondes, le monde maternel. ». Si quelques œuvres s’apparentent manifestement au fantastique, la plupart de ses sculptures s’inscrivent en effet dans un monde très homogène, qu’elle qualifie de « cour de récréation ».
De nombreux croquis préalables, avec des dessins de face, précèdent la réalisation des sculptures en terre. Celles-ci font appel à des techniques variées, boule, colombin, plaque et estampage, souvent associées. Après un temps de séchage très long et double cuisson, les sculptures reçoivent émaux, engobes ou patines, puis des cires colorées, en couches successives pour un rendu soutenu et satiné.
Tout au long de ce processus, le choix des formes et des couleurs privilégie l’humour et la simplicité. Naissent ainsi des personnages aux têtes rondes et plates, à mi-chemin entre silhouettes de Keith Haring et emoticons de nos smartphones.
Mais en complément de ces références contemporaines, on trouve des similitudes étonnantes avec la statuette d’Ain Ghazal (Jordanie), vieille de 9000 ans, la plus vieille œuvre du Louvre, objet venu du fond des âges, avant l’invention de la terre cuite.
Chantal WEIREY est née en Algérie, qu’elle quitte à 7 ans ; de cette enfance elle gardera des souvenirs très forts et chaleureux. Sa passion pour le dessin la conduit à l’Académie Charpentier de Paris ; elle y exécute de très nombreux fusains. Puis à l’Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art, où elle se spécialise en céramique, avant de devenir la collaboratrice de Jacques BLIN. Elle crée enfin son propre atelier et se consacre parallèlement à l’enseignement du dessin.
L’artiste a participé au mouvement Figuration critique, qui s’oppose aux diktats officiels favorisant un art conceptuel au mépris du figuratif. Elle est sociétaire du Salon d’Automne de Paris. Elle a reçu le prix de la Fondation Taylor en 2020.