DUMAS

Le XVIIe siècle est l’âge d’or de la nature morte en Europe. Cet art très difficile est alors un outil au service des influences religieuses. En Espagne, ce sont les vanités, qui incorporent des symboles de la résurrection : sablier ou traditionnel citron épluché qui rappellent le temps qui passe. Par opposition, l’ Europe du Nord protestante refuse les sujets religieux et se consacre à la peinture bourgeoise, au travers des paysages et de la nature morte.

Mais progressivement la représentation d’objets, jugée trop mimétique, décline en France.

C’est justement parce qu’elle s’est trouvée ainsi reléguée qu’elle va devenir au XXème siècle un véritable instrument de recherches formelles, avec Cézanne puis les cubistes. La symbolique chrétienne a disparu, et la nature morte, devenue incontournable, se retrouve aussi bien chez les surréalistes que dans le pop art, voire dans le ready-made.

Les natures mortes de Sophie DUMAS font écho à toute cette évolution. D’un côté son travail témoigne à l’évidence d’une maîtrise technique de haut niveau. On songe à l’excellence de Chardin. De l’autre la mise en scène très contemporaine et l’équilibre s’apparentent à Morandi.

L’artiste affiche une sobriété marquée, dans des compositions très strictes de galets, coffrets ou pots, accumulés telle une bibliothèque de formes et de couleurs dans son atelier au bord de l’Oise.

Les précédentes toiles exposées à la galerie privilégiaient souvent une approche à tendance monochrome, contenants sombres, puis anciens linges blancs brodés. Elle présente aujourd’hui une collection qui fait la part belle aux bleus et aux jaunes, aux flacons de formes multiples et aux reflets.

Sophie DUMAS est née à Paris en 1959. Diplômée de l’Ecole d’Arts Graphiques Maximilien Vox, elle débute dans la publicité. Mais elle va progressivement s’orienter avec succès vers la peinture : elle est sélectionnée pour plusieurs salons d’Ile de France, elle expose en 2006 à la Fondation Taylor, et devient artiste permanente de plusieurs galeries parisiennes.