MIROBENT

Hélène Mirobent nous surprend : peinture ou sculpture ? Peinture au vu des châssis. Mais également papier sculpté. Ce sont en effet des créations en 3 dimensions qu’elle élabore, avec une utilisation virtuose du papier comme matériau essentiel de son travail.

L’artiste conjugue la couleur, le relief et la lumière.

Dans un premier temps, elle part d’une base conceptuelle pour peindre le papier japonais à l’acrylique. C’est un processus minutieux de coloriste inspirée, qui s’attarde jusqu’à ce qu’elle obtienne en fines pellicules les harmonies voulues : la couleur construit l’oeuvre.

Seconde étape : le pli du papier, qui va structurer la création. Le papier japonais coloré est malmené, patiemment froissé, découpé, réorganisé, repeint éventuellement, puis marouflé sur toile. « Les rythmes du plissé transforment un espace savamment chaotique en un jeu formel d’ombres et de couleurs ». Plis et rides vont faire parler la matière, et trébucher les couleurs dans une cascade de nuances.

Enfin, cette architecture se donne à la lumière, qui révèle et sublime le papier. C’est un stade où l’oeuvre échappe en permanence à son auteur. « Rien n’est imposé. L’oeil contemple et – soumis aux variations de l’éclairage – l’esprit assemble, à chaque heure du jour, une histoire différente. Le frémissement de la matière interpelle l’imagination du spectateur. »

La composition qui paraissait abstraite a évolué en un long processus de reconstruction mentale, pour transmettre une sensation colorée et palpable.

L’inspiration d’Hélène Mirobent privilégie les territoires, l’univers végétal, les traces de mémoire, les écritures. Le thème dirige le travail du peintre, soit coloré comme la nature, soit obscur avec des nuances de couleurs.

Sa réflexion sur les naufrages de la mémoire convoque une palette de plus en plus sombre, où la réapparition des souvenirs irradie des trous de lumière et saisit des émotions fugitives. « C’est en plongeant dans les ténèbres que j’y ai découvert la lumière. Le visible dialogue avec l’invisible : c’est en peignant mon papier en noir qu’il a pris toutes les nuances de l’ombre. Et c’est alors que petit à petit cette quête sur les traces du souvenir est devenue simple présence, présence d’une empreinte lumineuse. Des ténèbres jaillit la lumière et de la lumière surgissent les couleurs » dit-elle comme en écho à Pierre Soulages.

L’artiste, née en 1961, vit en région parisienne, où elle enseigne les arts plastiques. Formée aux Arts décoratifs ENSAD, aux Arts appliqués ESAA Duperré, elle est membre de la Fondation Taylor. Prix Maxime Juan / Taylor 2013, Yves Klein / Fontenay aux Roses 2015, Coup de coeur des artistes / Fontenay aux Roses 2019 et Aralya / RDV d’art 2020.

Son travail original et raffiné s’apparente pour partie aux œuvres de Jackson Pollock, que viendrait transcender relief et lumière, « dans une approche de la lumière qui veut dire enfin quelque chose ».

DEFER

Le terme « sigillée » vient du latin sigillum, qui signifie le sceau, caractéristique des poteries gallo-romaines marquées par les cachets significatifs de cette période historique. La production de ces poteries est devenue pour les archéologues la marque de reconnaissance de tout l’empire romain.
Dans la céramique contemporaine, on désigne par « terres sigillées » des pièces qui sont préalablement polies puis recouvertes avant la cuisson, selon la technique ancienne des gallo-romains, d’un engobe très délicat réalisé par décantation des particules les plus fines d’argile. C’est cet engobe qui va vitrifier à la cuisson et de ce fait rendre utilitaires les poteries sans qu’elles reçoivent de revêtement vitreux.

Ici s’arrête le parallèle gallo-romain. Les Romains visaient la production d’une vaisselle haut de gamme la plus homogène possible. Les céramistes contemporains, à la suite de Pierre BAYLE et Jean-Paul AZAÏS, donnent à cette technique ancestrale et écologique un souffle de modernité et de diversité tout autre.
Le matériau est ordinaire, une terre ramassée un peu n’importe où ; le four est très simple, généralement à bois et peu gourmand en énergie. Mais cette base modeste, associée à un façonnage particulièrement méticuleux, est sublimée grâce aux recherches sur la cuisson au bois basse température (moins de 1100°) et une gestion subtile des atmosphères de cuisson, jouant sur les contacts au cours de l’enfournement. Au prix d’un résultat toujours aléatoire, la superposition de plusieurs couches ou voiles d’argiles révèlera une variété de couleurs naturelles étonnante.
Progressivement les nouvelles œuvres sigillées, marquées d’une expertise de plus en plus avancée, se libèrent de l’influence de techniques plus codifiées, telles les craquelures du raku.

Maxime DEFER, né en 1979, a suivi un cursus d’ébéniste avant de devenir céramiste comme son père. Depuis une quinzaine d’années, il exerce dans son atelier, blotti dans la campagne au sud de la Lorraine, un art qui fait le lien entre ses passions pour les fouilles archéologiques et pour la nature.
Il intervient au musée de la Cour d’Or de Metz.
Ses créations sont présentes dans les grandes manifestations de potiers en France. 

BERTHOLON

No Images found.

Les porcelaines de Stéphanie BERTHOLON évoquent raffinement et sérénité.
Les formes, toutes tournées, offrent un support simple et classique au jeu des décors. Un semis de petits motifs, pois, plumes, taches, pelages, et de lignes brisées y porte des images universelles, entre l’infini minuscule de la vie cellulaire et l’infini immense des ciels étoilés.
Dans une seconde cuisson la superposition des émaux s’exprime dans un camaïeu de bleus sourds et de gris discrets, en écho à l’intérêt de l’artiste pour le vitrail.
Et dans une troisième cuisson une enluminure de fines touches d’or apporte à la couverte blanc mat un éclat satiné.

Cet univers doux et épuré reflète la fascination de l’artiste pour les éléments traditionnels de l’art d’Extrême-Orient. On y perçoit aussi des fragments d’ambiances inspirées de ses voyages rêvés ou vécus entre Asie et Afrique, où une partie de sa formation s’est déroulée au Mali et au Burkina.

Les créations de Stéphanie BERTHOLON intègrent les formes intemporelles de ses bols et évoluent vers des expressions plus contemporaines de bassins, de boules, ou même de tabourets élaborés dans un mélange de grès et de porcelaine.
Toutes sont travaillées avec la même délicatesse, comme des bijoux : ces œuvres uniques introduisent une part de poésie et de sophistication dans notre quotidien.

L’artiste vit et travaille dans la Drôme, au cœur du parc naturel régional des Baronnies provençales. 

CITRON

Les bâtons de pastel sont formés de pigments et d’une charge, craie, plâtre ou kaolin, le tout lié par une colle. Ils offrent une gamme très étendue de couleurs : la collection de Thierry CITRON en compte ainsi environ 600.

Mais il n’est pas possible de mélanger les couleurs sur une palette : il faut appliquer directement le ton juste sur le support. Beauté et difficulté de cette technique : savoir anticiper car il est très difficile de revenir en arrière. 

Reste à superposer une nouvelle couche après avoir soigneusement fixé la précédente à l’aide d’un fixatif. C’est grâce à ce processus subtil et astreignant qu’apparaîtra la nature opalescente du pastel, translucide comme la porcelaine, entre la transparence et l’opacité. 

Autodidacte, Thierry CITRON expose depuis plus de 40 ans. Médaille d’Or du Salon des artistes français 1991, médaille d’argent de la Ville de Paris, prix ArtCité au Salon d’automne 2013, prix Art en Perche 2019. Il est considéré comme l’une des références de cet art.

Sa facture simplifie à l’extrême les plans et les perspectives, les ombres et les lumières. Rare parmi les pastellistes, son expression mêle l’abstraction et la figuration. 

Les pastels sont créés sur papier vergé contrecollé sur carton.

Ténor talentueux, fin connaisseur de Bach, la musique s’infiltre naturellement dans ses thèmes, de même que l’ambiance sereine de sa campagne du Gâtinais, aux confins de l’Ile de France. La galerie MAZNEL l’accueille pour la seconde fois.

GILLOEN

Née en 1971, Anne-Sophie GILLOEN vit dans le nord de la France près de la frontière belge. Son atelier occupe une ancienne petite ferme perdue dans la campagne flamande piquée d’arbres ; un chat acrobate y circule avec une désinvolture étonnante entre des personnages en grès, ancrés au sol par leur  généreuse corpulence.

Le travail de la « terre » a toujours fait partie de sa vie : dès son enfance, entre elle et la terre s’est nouée une relation à la fois tendre et tendue. Elle aime l’argile, son contact, son odeur, sa souplesse mais aussi ses exigences.

Son parcours a progressivement évolué de l’action culturelle, avec un épisode  marionnettes, à la sculpture, laissant à l’autodidacte le temps de se former, encore maintenant, auprès d’innombrables potiers.  Elle expose régulièrement en galeries, participe à des marchés, salons et festivals de céramique, en France, en Belgique, aux Etats Unis, aux Pays-Bas.

“L’argile est très vite devenue pour moi un moyen de raconter. J’aime les histoires, les histoires contées, les histoires jouées, les histoires dessinées. Immédiatement elles suscitent en moi des images et des sensations elles-mêmes nourries par mon imagination. Ainsi l’expression figurative s’est-elle imposée au fil de mes créations.

La lenteur du modelage aux colombins, les formes rondes et douces qui s’en dégagent, les textures du grès, les couleurs pastel et mates de l’engobe sont autant d’atouts pour suggérer et donner à celui qui regarde les débuts de son histoire. C’est pour ça que j’aime les personnages modelés, pour leur capacité à raconter sans mots et parfois à nous submerger d’émotions. Ils rappellent qu’il faut parfois raconter et s’écouter pour mieux goûter la vie.”

Dans la vraie vie “les êtres un peu bizarres dans leurs postures, dans leurs corps se révèlent souvent d’une extraordinaire gentillesse. Et leurs anomalies physiques disent beaucoup de choses : leurs défauts, s’ils sont bien regardés, peuvent être magnifiés et devenir beaux”. Anne-Sophie GILLOEN observe les petites choses de la vie en léger décalé. C’est dans ce décalage que la poésie peut naître.

GALBIATI

Les religions sans le dogme : les sculptures de Davide GALBIATI ne sont pas des œuvres religieuses, mais elles portent une très forte spiritualité, qui irrigue tout le travail de cet artiste mystique.

Pour le sculpteur certains hommes de bien portent en eux une part d’universalité, un esprit qui, au-delà du corps, va perdurer dans l’univers, une sagesse universelle qui traverse le temps en reliant passé et futur. C’est cette aura que Davide GALBIATI symbolise par une graine ou une coiffe dorées.

Pour lui l’homme sur le chemin de la vie s’apparente à celui qui plantait des arbres de GIONO. Et tel l’arbre qui déploie ses feuilles pour capter la lumière, l’homme est ainsi sculpté car c’est  un être qui se déploie pour capter autre chose qui va au-delà de lui.

L’artiste rejoint l’expression artistique de toutes les civilisations du monde et de toutes les époques : égyptiens, maïas, aztèques, africains, chrétiens, indouistes, tous ont ennobli, par le nemès, la coiffe, l’auréole ou le turban, ce crâne qui semble capter quelque chose venant d’ailleurs. La graine révèle et transmet l’énergie sacrée présente en chaque être : tel est le sens de ses mains de bronze.

Fort de ses études de sculpture, d’anatomie artistique et des références des grands maîtres italiens, Davide GALBIATI privilégie le calme hiératique de la sculpture égyptienne. Il souligne que la simplicité est la plus grande des sophistications, et qu’avec quelques traits et une grande sensibilité elle révèle l’âme d’un personnage.

Par rapport à la noblesse du bois ou du bronze, le choix du béton voire de la résine est une démarche plus contemporaine. Le béton a séduit le sculpteur par sa texture, par la gestuelle du modelage où il retrouve la fraîcheur de l’argile, par ses surfaces lisses et ses porosités aléatoires. Mais Davide GALBIATI aime par-dessus-tout la neutralité de ce matériau humble. « Le béton est en attente d’une âme, c’est un sanctuaire qu’on peut charger. Il suit la volonté de l’artiste. »

Davide GALBIATI est italien. Il habite dans le sud de la France, dans le Vaucluse.

Prix Puvis de Chavannes et médaille d’or du Salon des Beaux- Arts Paris 2016, prix Saturarte Genova 2009, prix Contemporary Art Novara 2008, prix Premio Arte Mondadori Milano 2007.

Ses œuvres sont présentes dans des collections privées en Europe et aux Etats-Unis. Il expose en France et en Angleterre, et pour la seconde fois à la Galerie MAZNEL. 

DELAHAUT

Les gravures de Sabine DELAHAUT sont présentées pour la quatrième fois à la Galerie Maznel. Les thèmes ont bien sûr évolué. Mais la maîtrise de l’art du burin y est toujours exceptionnelle, mise au service d’une expression artistique tout à la fois féministe, ironique, grinçante, surréaliste ou innovante dans le mélange des techniques.

Ses œuvres interrogent le spectateur sur l’évolution d’une société qui conduit l’individu à toujours plus d’isolement, à une incapacité à communiquer avec ses semblables, avec son environnement ou avec lui-même. Ses créations prennent vie par l’accumulation d’images hybrides tirées de la rue, de l’actualité ou de notre passé.

L’artiste associe fréquemment les animaux à son théâtre et crée des personnages mi-homme mi-bête pour mieux dénoncer les travers contemporains. L’animalité permet de montrer ce qui ne se voit ou ne se dit pas. 

Les jeux de pouvoir politique sont mis en scène dans leurs postures, dans les dérives dictatoriales qu’elles traduisent, comme dans les palabres diplomatiques qui s’y nouent.

Enfin les résidences auxquelles l’artiste est invitée viennent stimuler son imagination.
Dans une piscine désaffectée, ce sont des mondes aquatiques qui reflètent en bleu des espaces vides d’eau.
Et au milieu des pâtures des bergers en Corse, des cabanes de pierre font écho aux étoiles.


Sabine DELAHAUT est une artiste belge et vit à Paris.
Son travail a reçu de nombreux prix et distinctions. 1er Prix de la XXe Biennale de Gravure de Sarcelles (2021). Médaille d’honneur 2018 Triennale mini-print Intaglio à Kiev (Ukraine), Grand prix 2017 Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois Rivières (Canada), Prix du Public 2015 Art Hub Open print Londres, Prix de la jeune gravure 2014 Salon d’Automne de Paris.

DAUTHUILLE Stéphane

Le travail de Stéphane DAUTHUILLE fait appel au dessin et à la gouache sur papier, qu’il maroufle ensuite sur toile, puis qu’il enduit à chaud de cire. Cette technique mixte confère à ses œuvres velouté et transparence

« Je suis peintre dessinateur, plutôt que peintre tout court. La ligne, le trait, la composition, les rythmes sont les éléments de base de ma pratique. Un très bon dessin ressemble à une improvisation dans un numéro de trapèze (en moins dangereux) : il se lance dans le vide, chaque trait s’accroche au précédent sans défaillance, et le dessin s’achève, le cœur battant et de crainte et de joie. Mais la plupart des bons dessins sont un mélange de fulgurance et de labeur. J’aime dans le dessin l’illusion démiurgique : un trait altère radicalement le vide sans pour autant le détruire. »

Rien n’est réel dans les thèmes chers à l’artiste, tout est poésie, transparence et légèreté. Pour cette exposition, Stéphane DAUTHUILLE s’est fait armateur, afin de préparer une flottille complète qui a appareillé pour la Baie de Somme. Il fait bon embarquer sur ces vaisseaux et se laisser voguer sur le titre complet de chaque œuvre, comme on lirait une carte marine.

Stéphane DAUTHUILLE est né en 1965 à Saint Malo. Il a étudié à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Rennes. Il vit en Bretagne et y travaille en pleine campagne.
Il expose depuis 2006, en France, en Belgique, aux Etats Unis et à Taïwan. C’est sa troisième exposition à la Galerie MAZNEL.

Grand prix du Salon Mac 2007, prix Azart 2008, prix Madeleine Couderc Fondation Taylor 2024.

CHAUVET Corinne

Corinne CHAUVET, dont c’est la troisième exposition à la galerie, est maintenant bien connue pour ses bonzes rieurs.

L’originalité de cette artiste est de proposer des sculptures optimistes où la douceur, le sourire, le rire ou le fou-rire tient la première place. C’est sa nature de cultiver le côté positif de la vie, et c’est son ambition de transmettre par ses œuvres leur bonheur communicatif. Les créations privilégient l’émotion, la sérénité, l’humour et la joie, dans des attitudes captées comme des instantanés photographiques.

L’artiste est fascinée par l’Extrême-Orient et voyage chaque année pour collecter les sourires. Dès son premier voyage en Birmanie, elle a été marquée par cette attitude de la population. L’humilité lumineuse des moines bouddhistes l’a poussée à développer le moine comme symbole de notre recherche de joie et de sérénité.

Les sculptures sont faites de terre noire cuite à plus de 1100°, elles sont patinées de couleurs vives avec les oxydes de Roussillon. Elle réalise également des bronzes.

Corinne CHAUVET a un master en histoire de l’art contemporaine. Elle a fait des études d’arts plastiques en France et en Angleterre. Elle travaille dans la région d’Albi, où elle a commencé à créer des petites œuvres en terre dès son enfance.

Corinne CHAUVET a reçu de nombreux prix (Métiers d’Art Midi-Pyrénées 2013, prix de la jeune création Occitanie 2014, grand prix GemlucArt Monaco 2016, prix du public Salon de sculpture de Chantepie 2022, médaille de bronze Salon des artistes français 2025). Cinq lieux publics et privés accueillent déjà ses sculptures monumentales.

DENIMAL

Patricia DENIMAL est née en 1952 à Calais. Elle affiche très vite des goûts artistiques. A 5 ans elle apprend le piano, et elle sort du conservatoire à 20 ans avec un prix de musique de chambre. A 12 ans elle fonde sa 1ère troupe de théâtre. Pendant ce temps elle dessine partout, façonne des figurines avec la terre du jardin, qui se délitent dans le four de la cuisinière, et sculpte des morceaux de bougie sous son pupitre en classe.

Plus tard son choix d’étudier des langues qui n’existent plus l’entraîne jusqu’à une licence de lettres classiques. Mais elle connaît ses premières vraies expériences de céramique à 21 ans. Dès lors plus question de faire autre chose dans la vie que d’avoir les mains dans la glaise.
Elle découvre le tournage en Puisaye : le plaisir du geste lui fait presque oublier pendant 15 ans qu’elle était venue pour modeler. Potière, elle s’adonne aux glaçures à base de cendres pour le grès et la porcelaine, puis au raku.

D’enthousiasmes en détours, c’est en 1990 qu’elle replonge corps et âme dans la sculpture. Ses oeuvres sont présentes en Allemagne, Belgique, Corée du Sud, Danemark, Etats-Unis, France, Grèce, Pays-Bas, et Suisse.

Elle vit aujourd’hui dans le Gard. De sa maison vrai modèle d’écologie, au milieu des chênes verts et des pins, la vue s’étend jusqu’au Mont Ventoux.

L’artiste travaille l’argile de Puisaye, en creux « à la potière », c’est-à-dire en poussant la terre de l’intérieur, ce qui permet de mieux maîtriser les physionomies.
Elle réalise également des bronzes. Le point de départ d’une sculpture est presque toujours une tête humaine, sans vision d’ensemble de la forme finale. L’expression qui en surgit inspirera le reste de l’oeuvre.
Une fois la sculpture séchée, elle est peinte avec des engobes, généralement de porcelaine, colorées d’oxydes métalliques. Une première mise au feu entre 1050° et 1150° peut être suivie d’un enfumage lors d’une 2ème cuisson ; certaines sculptures sont cuites à 1240°, ce qui leur donne la qualité du grès. A ce régime, les oeuvres vivent sans problème à l’extérieur.

« J’ai toujours quelques difficultés à me situer moi-même dans un courant artistique. Mon humeur parfois facétieuse m’inclinerait à me définir comme sculpteur néoacadémique à tendance singulière.
J’aime relier ce que l’humain a de plus intime à une représentation parfois décalée si la nécessité s’en fait sentir, imprégnée en cela de mythes dont je ne suis pas toujours consciente. Partie d’une figuration relativement symbolique, prenant ses racines dans un imaginaire nourri de l’art de civilisations éloignées de la mienne, je me suis acheminée vers une représentation d’êtres charnels qu’on croirait connaître, si ce n’est que bien souvent la chimère les rejoint et donne un sentiment d’étrangeté.
La maturité aidant, peut-être, je m’autorise à ne plus concevoir au préalable, à ne plus dessiner, à imaginer le moins possible. Je façonne mes créatures en me laissant guider par l’expression du visage qui émerge sous la pression de mes doigts.»