DENIMAL

Patricia DENIMAL est née en 1952 à Calais. Elle affiche très vite des goûts artistiques. A 5 ans elle apprend le piano, et elle sort du conservatoire à 20 ans avec un prix de musique de chambre. A 12 ans elle fonde sa 1ère troupe de théâtre. Pendant ce temps elle dessine partout, façonne des figurines avec la terre du jardin, qui se délitent dans le four de la cuisinière, et sculpte des morceaux de bougie sous son pupitre en classe.

Plus tard son choix d’étudier des langues qui n’existent plus l’entraîne jusqu’à une licence de lettres classiques. Mais elle connaît ses premières vraies expériences de céramique à 21 ans. Dès lors plus question de faire autre chose dans la vie que d’avoir les mains dans la glaise.
Elle découvre le tournage en Puisaye : le plaisir du geste lui fait presque oublier pendant 15 ans qu’elle était venue pour modeler. Potière, elle s’adonne aux glaçures à base de cendres pour le grès et la porcelaine, puis au raku.

D’enthousiasmes en détours, c’est en 1990 qu’elle replonge corps et âme dans la sculpture. Ses oeuvres sont présentes en Allemagne, Belgique, Corée du Sud, Danemark, Etats-Unis, France, Grèce, Pays-Bas, et Suisse.

Elle vit aujourd’hui dans le Gard. De sa maison vrai modèle d’écologie, au milieu des chênes verts et des pins, la vue s’étend jusqu’au Mont Ventoux.

L’artiste travaille l’argile de Puisaye, en creux « à la potière », c’est-à-dire en poussant la terre de l’intérieur, ce qui permet de mieux maîtriser les physionomies.
Elle réalise également des bronzes. Le point de départ d’une sculpture est presque toujours une tête humaine, sans vision d’ensemble de la forme finale. L’expression qui en surgit inspirera le reste de l’oeuvre.
Une fois la sculpture séchée, elle est peinte avec des engobes, généralement de porcelaine, colorées d’oxydes métalliques. Une première mise au feu entre 1050° et 1150° peut être suivie d’un enfumage lors d’une 2ème cuisson ; certaines sculptures sont cuites à 1240°, ce qui leur donne la qualité du grès. A ce régime, les oeuvres vivent sans problème à l’extérieur.

« J’ai toujours quelques difficultés à me situer moi-même dans un courant artistique. Mon humeur parfois facétieuse m’inclinerait à me définir comme sculpteur néoacadémique à tendance singulière.
J’aime relier ce que l’humain a de plus intime à une représentation parfois décalée si la nécessité s’en fait sentir, imprégnée en cela de mythes dont je ne suis pas toujours consciente. Partie d’une figuration relativement symbolique, prenant ses racines dans un imaginaire nourri de l’art de civilisations éloignées de la mienne, je me suis acheminée vers une représentation d’êtres charnels qu’on croirait connaître, si ce n’est que bien souvent la chimère les rejoint et donne un sentiment d’étrangeté.
La maturité aidant, peut-être, je m’autorise à ne plus concevoir au préalable, à ne plus dessiner, à imaginer le moins possible. Je façonne mes créatures en me laissant guider par l’expression du visage qui émerge sous la pression de mes doigts.»