CITRON

Le pastel, c’est du pigment, associé à une charge, le kaolin et le tout est lié par une colle. “Sur mes 600 bâtons, je n’en utilise peut-être que 20 à chaque fois mais je dois être libre de choisir toutes les stratégies possibles car il y a des stratégies pour rendre une ambiance : il y a la qualité du pigment, la dureté du bâton et puis la manière de fixer le pastel pour obtenir ensuite par la deuxième couche une superposition qui ne se mélangera pas à la couche du dessous. La question de la superposition des couches est centrale : elle met en évidence la nature opalescente du pastel, c’est-à-dire translucide comme la porcelaine, entre la transparence et l’opacité.”

“Concert, ce soir. Debout dans la pénombre, un homme travaille, entouré d’innombrables bâtonnets. Il peint au pastel, sur le vif. Non pas la réalité de ce que chacun peut voir, mais celle de sa vision à lui, de la vision que suscite la musique qu’il écoute. Il lui faudra en avoir terminé lorsque les derniers sons se seront dissipés sous les voûtes. Urgence du coup d’œil, spontanéité de la technique ” (Gilles CANTAGREL). Thierry CITRON ne peint généralement pas dans son atelier. Et si la musique est de BACH, ce n’est pas un hasard.

Face à un motif, je veux “regarder sans voir, sentir sans regarder et mettre mon savoir-faire en route dans une attitude quasi instinctive. Je cherche à simplifier à l’extrême les plans et les perspectives, les ombres et les lumières”.  Ce préambule technique ne résoud pas pour autant la question du choix entre rendus figuratifs ou pas, entre lesquels l’artiste avoue balancer.
Au terme de ce travail, “la scène ou le paysage pourra  être vu par le peintre et le regardeur comme une « chose » finie qui va parler. Elle peut ne pas dire la même chose au peintre et au regardeur, les uns et les autres mettent en relation leur imagination, leur culture, leur histoire et greffent l’interprétation poétique qu’ils souhaitent. Le tableau vit  et parle de lui-même. Il condamne  le peintre au silence”.

Né en 1953, autodidacte, Thierry CITRON expose depuis près de 40 ans. Médaille d’Or du Salon des artistes français, médaille d’argent de la Ville de Paris, prix ArtCité au Salon d’automne 2013, prix Art en Perche 2019. Il est l’un des maîtres du pastel.