HONORÉ

Bien avant notre ère, des artisans indiens se transmettent de génération en génération les secrets de l’art de décorer les toiles de coton. Cette maîtrise des procédés chimiques donne naissance à une palette de couleurs riches et brillantes. Les « indiennes » sont ces imprimés, les premiers amenés en Europe à la fin du XVIe siècle. Elles séduisent vite une époque habituée aux lourdes soieries, aux lainages et aux toiles de lin.
Sur le port de Saint Valery sur Somme, l’Entrepôt des sels présente en 2022 de très grandes « indiennes » crées spécialement pour l’occasion par Pascal Honoré. On y retrouve la peinture élégante de cet habitué de la Galerie Maznel. 

Sa peinture conjugue les différentes passions qui l’anime : l’archéologie, qu’il affectionne depuis son adolescence dans des fouilles gallo-romaines, son expérience de dessinateur textile, la musique baroque et la botanique. Ces inspirations multiples nourrissent une expression à la frontière entre le monde végétal et l’abstraction.

L’artiste est né en 1958. Il vit et travaille dans une ancienne ferme d’un village champenois, où une succession de petits jardins donne la réplique au foisonnement de fleurs et de fruits de son œuvre, et contribue de façon plus prosaïque à la saveur de sa cuisine gourmande. L’atelier à la poutraison de belle hauteur abrite une panoplie fournie : pigments multiples, encres, vernis, cire, pinceaux, fusains, tampons anciens ou inventés par l’auteur, papiers népalais. C’est en effet un travail complexe, amorcé à l’horizontale, qui va conduire à ces couleurs acryliques délicates, qui se déploient en arabesques ou en motifs à peine esquissés, en recouvrements transparents marouflés ou au travers d’écaillements de matière.

« Cette peinture qui fonctionne par strates successives évoque irrésistiblement les fresques anciennes d’une demeure prestigieuse ou les mosaïques usées d’une villa abandonnée. Elle garde en mémoire les traces qui se sont superposées sur la surface de la toile et les images qui se sont succédé au cours de l’élaboration du travail. Les formes naissent et disparaissent, belle méditation sur la vulnérabilité des images exposées à l’usure du temps » (Michel Foucault).

Voyage à travers le temps et l’espace. Références aux frises et aux pavements vernissés de l’Antiquité, réminiscences des chapiteaux romans, couleurs et parfums du Moyen Orient, raffinement du Japon. Compositions luxuriantes où le sujet envahit l’espace de la toile pour mieux célébrer l’abondance de la nature.

Le parcours de Pascal Honoré est riche de nombreuses expositions collectives et individuelles, en France et à l’étranger. Il a exposé en Europe (Berlin, Bruxelles, Gand, Hambourg, Londres, Luxembourg, Zagreb), en Chine, en Corée du Sud, au Mali, à Taïwan, au Togo et au Venezuela.

DUMAS

Sortie des modes depuis le 18ème, la nature morte devient au XXème siècle un véritable instrument de recherches formelles, avec Cézanne puis les cubistes. La symbolique chrétienne a disparu, et la nature morte, devenue incontournable, se retrouve aussi bien chez les surréalistes que dans le pop art, voire dans le ready-made. 

Les natures mortes de Sophie DUMAS font écho à toute cette évolution. 

D’un côté son travail témoigne à l’évidence d’une maîtrise technique de haut niveau. On songe à l’excellence de Chardin.

De l’autre la mise en scène très contemporaine et l’équilibre s’apparentent à Morandi.

L’artiste affiche une sobriété marquée, dans des compositions très strictes de pots et flacons, accumulés telle une bibliothèque de formes et de couleurs dans son atelier au bord de l’Oise. 

Sa collection actuelle fait la part belle aux bleus et aux reflets, rehaussés par le jaune des citrons traditionnels de la nature morte.

« Avec la nature morte, j’ai choisi un langage qui explore patiemment et minutieusement la surface des choses. Par la contemplation du banal, par la transcription de la matière, par le jeu de la lumière et de l’espace, j’essaie de créer une illusion visuelle qui provoque un trouble de la perception. »

Sophie DUMAS est diplômée de l’Ecole d’Arts Graphiques Maximilien Vox. 

Présente en salons et galeries en Ile de France, elle revient pour la troisième fois à la Galerie MAZNEL.

DANSIN

Aux Arts Appliqués Duperré puis aux Arts Décoratifs à Paris, Isabelle DANSIN a étudié le textile, la laque, la peinture et l’art mural. Elle y a été particulièrement marquée par l’enseignement de Zao WOU-KI, illustrissime représentant de l’abstraction lyrique et lauréat entre autres du Prix Impérial de Peinture du Japon. Elle s’est également formée plus tard à la gravure.

Après des débuts à Paris et ses environs proches, elle privilégie le contact avec la nature, sa beauté, son silence et se fixe par choix un peu plus loin, dans le Vexin. Aujourd’hui encore la cour de son atelier rassemble de multiples plantes et essences, qu’elle protège avec un soin permanent et qu’elle observe en y trouvant la source de nombre de ses inspirations.
L’arbre a longtemps été le sujet principal des recherches de l’artiste. Elle puise la base de son travail dans la forêt, les feuilles, les mouvements de la lumière et des saisons.
Puis c’est le retour au silence de l’atelier. A nouveau elle regarde, écoute ce qui se décante, un paysage intérieur émerge. « Peindre est pour moi un acte rituel. J’ai l’intuition d’un monde qui se révèle sous mes doigts, m’étonne. Le végétal s’impose » A fleur de papier le dessin déploie sa ligne, la spirale d’une branche qui croît vers le ciel, le feuillage dense d’une végétation. La composition affiche une subtilité légère, véritable marque de fabrique de l’artiste.

Isabelle DANSIN est une habituée des cimaises de la Galerie MAZNEL, où elle est exposée pour la 4ème fois. Cette présence reflète une évolution permanente de son art : tout en préservant la constance de son inspiration, elle sait réserver à son public la découverte successive de différents supports, gravure, estampe, collage, peinture. Ses nouvelles créations en acrylique sur papier marouflé sur toile proposent des feuillages à la limite de l’abstraction monochrome.

Les œuvres d’Isabelle DANSIN sont exposées en permanence dans des galeries françaises. On les retrouve dans les collections du Ministère des Affaires Etrangères. Et la Manufacture nationale des Gobelins a récemment acquis sa toile Forêt 10 pour servir de carton à l’une de ses prochaines tapisseries.

BUTHIER-CHARTRAIN

L’aquarelle paraît souvent à tort une technique plus accessible au néophyte que d’autres formes de peinture. Cette erreur d’appréciation répandue explique d’innombrables chromos sans inspiration. Car il n’est pas d’expression personnelle possible à l’aquarelle sans une maîtrise avancée de la technique. Les peintures de Muriel Buthier-Chartrain sont le fruit d’un travail continu de plus de 40 ans ; sa progression très aboutie leur confère un style propre, qui privilégie l’humide et le spontané.

L’artiste suggère atmosphères et émotions, sans se préoccuper des effets flatteurs ni chercher le pâle reflet de quelqu’un d’autre ou la caution d’une tendance. L’exécution vient après une longue méditation. Mais au moment de poser la couleur l’heure n’est plus à la réflexion, et la technique, aussi primordiale qu’elle soit, devient sous-jacente : l’artiste agit d’instinct, mobilisée sur ce qu’elle veut exprimer.

La Galerie Maznel a exposé plusieurs fois ses œuvres. Fidèles au jeu assez nordique de l’ombre et de la lumière, elles ont évolué, lentement, naturellement : de plus en plus épurées, elles tendent vers l’abstrait, étayées par une technique toujours en recherche, essentielle au développement de sa propre écriture. Elles incorporent en particulier des effets de textures peu répandus en aquarelle ; ces textures sont le résultat de la façon d’utiliser les couleurs en fonction des qualités des pigments qui les composent, de les travailler et de les associer.

Muriel Buthier-Chartrain, née en 1961, est autodidacte. Elle dessine et elle peint depuis toujours, et se consacre à l’aquarelle depuis 1981. Elle vit en Eure-et-Loir.

L’artiste a exposé depuis 1984 en France, mais a été également sollicitée pour des manifestations en Allemagne, Belgique, Espagne, Grèce, Italie, Lituanie, Slovénie, Suède, Australie, Canada, Chili et Chine. Elle a participé à d’innombrables manifestations artistiques et a accumulé de nombreuses distinctions, dont le prix du jury de la Biennale Internationale de l’Aquarelle de Namur en 2012. Elle fait partie du jury pour deux concours de peinture de l’International Watercolor Society.

BENOIT BASSET

Née à Innsbruck, l’artiste peintre BENOIT BASSET quitte l’Autriche à 7 ans pour ne jamais vraiment se fixer : entre l’Algérie et les 4 coins de la France, son parcours aux racines multiples nourrit un imaginaire peu commun.
Elle a fait des études de philosophie.
Elle vit aujourd’hui en Auvergne. 

Ses peintures à l’huile, exposées régulièrement à la Galerie Maznel, revisitent BOSCH, BRUEGHEL voire GOYA en conduisant le spectateur dans un monde fait d’ambiances tout à la fois médiévales, futuristes et mystérieuses. Certes les atours riches y renvoient un lointain écho de la Renaissance. Pour autant ces bijoux et ces parures somptueuses trahissent une inspiration résolument moderne, sous des lignes que ne renieraient pas Black et Mortimer, Star Wars ou Game of Thrones. Au-delà du relief des tissus, des plis des drapés ou des coiffes vertigineuses,l’étrange et le secret irriguent chaque tableau.

Raffinement de coloriste, la mise en scène est surtout un prétexte. Tout repère chronologique et géographique disparaît derrière un fond généralement noir, fait pour souligner une comédie humaine campée avec sarcasme. Elle y déroule une procession de personnages surnaturels ou extravagants, à la prestance ambiguë. Les très longs doigts disent l’opulence, l’ostentation, l’érotisme d’une société qui privilégie l’apparence et le factice. Les bouches mutiques laissent les yeux parler et les regards avouent la concupiscence, l’intrigue et l’envie du pouvoir. L’artiste cache ainsi derrière l’énigme sa vision caustique contemporaine.

BENOIT-BASSET a présenté ses peintures dans de nombreuses galeries en France, en Belgique, en Suisse et en Chine. Elle travaille avec acharnement et minutie. N’utilisant pas de dessin préalable, elle se laisse guider par les représentations qu’elle a en tête. Le temps de séchage de l’huile impose de multiples sessions, entre lesquelles s’intercale la création de plusieurs autres toiles. Cette élaboration simultanée accouche de scènes qui semblent s’imbriquer, telles une sorte de manga.
Mais au bord de la rivière toute proche une glycine impressionnante camoufle la maison de cette artiste chaleureuse ; et l’on n’imagine pas que dans ce cadre bucolique puisse naître une satire aussi incisive

PAINTER

Andrew PAINTER serait assez anti-conformiste. En particulier il n’aime pas se présenter avec l’habituelle liste d’expositions, de lieux, de dates et de circonvolutions ampoulées. Il préfère apparaître au travers de ses propres peintures.

Les peintures d’Andrew PAINTER seraient également assez anti-conformistes. Elles sortent de l’antre d’un farceur pince-sans-rire qui aime s’amuser. L’artiste y distille une sorte d’exubérance colorée.
Les précédentes expositions à la galerie de ses huiles puis de ses aquarelles accumulaient ainsi des chaises qui décollent, des sacs qui volent, des cravates qui battent au vent. Cette nouvelle collection met à l’honneur « les dames, qui font on ne peut pas savoir quoi ni pourquoi, qui dominent… »

« Mes tableaux montrent des mises-en-scène, brassées dans ma tête, dans lesquelles nous ne sommes pas sûrs de ce qu’il se passe, de ce qu’il vient de se passer, de ce qu’il va se passer. Mais quelque chose se passe ! Le sens est issu de ce rapport entre celui qui regarde et cette percolation, ou torréfaction, dans laquelle il met, ou pas, son sucre ». Libre à chacun d’interpréter ces situations cocasses.
« Les personnages sont là, les uns à côté des autres. Ils sont un instant figés avant de partir ailleurs ». Mais ils véhiculent un petit grain de folie qui vient bousculer l’ordre établi. Leurs attributs éventuels qui volent en sont un peu le symbole : « C’est comme un commentaire politique : ça fait de l’effet sur l’autre. Ils ont pour mission de forger un état d’esprit. S’ils ne sont plus à leur place normale, c’est comme une oxydation de la vision : ils dénotent, ils décalent, et ils modifient la lecture ».

Les titres des oeuvres se mettent à l’unisson de cet humour très britannique. Leur longueur bat souvent en brèche l’organisation rationnelle des catalogues…
Prenez le temps de découvrir et de savourer ces intitulés mutant en descriptions à rallonges. Peut-être est-ce en fait de la poésie ?

Car l’artiste est aussi poète. Lorsqu’en 1988 il s’installe à Angers, il décide en effet de se consacrer à l’enseignement et à la poésie. Mais des collectionneurs le pousseront à s’engager exclusivement pour la peinture. Avec succès : il expose aujourd‘hui dans plusieurs galeries en France, en Belgique, en Grande-Bretagne et en Irlande.

Andrew PAINTER est né en 1957 en Angleterre. Il a passé un an à Calcutta et voue une passion à l’Inde, où il voyage régulièrement : le décor de fond de certains tableaux en est parfois empreint. Vous prendrez un sucre ou une cardamome avec votre tableau ?

MALAGRE

Anita MALAGRÉ compose ses toiles comme on part à l’aventure, sans boussole ni repères, mais tous les sens aiguisés. Elle est à l’affût des sensations qui guident sa main au son des variations Goldberg de Bach, d’un jazz enveloppant ou des sonorités de la guitare classique vénézuélienne. 

Peu à peu, au prix d’un lent mûrissement, un monde apparaît, se dessine, s’impose. 

Sur la toile de lin s’imbriquent des papiers de Japon, Chine, Corée, déchirés, froissés, poncés, rehaussés de quelques touches colorées.

Ils viennent se noyer dans les nuances sourdes de l’acrylique dilué en multiples couches translucides. Les teintes privilégient la variation sans fin des gris doux, qui virent soit vers le bleu, soit vers l`ocre, parfois zébrés d’éclairs de lumière blanche. L’acrylique mat s’y oppose à la légèreté transparente des fibres collées. 

Ainsi naît un univers suggéré, même si chacun peut le percevoir différemment : architectures accrochées aux collines, strates rocheuses, horizons en suspens, nervures de murailles ou blocs de forteresses. Ces indices jalonnent une expression artistique aux limites de l’abstraction et de la figuration allusive.

Anita MALAGRÉ est diplômée des Arts Modernes de Paris. Elle vit et travaille dans le Cotentin.

Elle expose régulièrement depuis 1977 et a été invitée d’honneur de salons parisiens. En galerie elle est présente principalement en région parisienne, dans le Vaucluse et en Suisse. C’est la troisième fois que nous la retrouvons à la Galerie MAZNEL.