REVEST Christian

D’habitude, l’artiste restait à quai. Peu importe le pays, tant qu’il a un port, un chantier naval, une grue ou un bateau, Christian REVEST peut s’adonner à son art. Et lorsqu’il ne croque pas sur le vif les cargos, il photographie les navires pour réaliser de grandes toiles dans l’atelier qu’il tenait jusqu’à cet été sur le Vieux Port de Marseille.
Pourtant il cède de temps à autre à l’attrait du large, que ce soit en résidence sur la goélette Tara, destinée à la recherche scientifique et à la défense de l’environnement, ou plus récemment en navigation au Groenland, d’où il a rapporté l’un des tableaux proposés pour sa 4ème exposition à la Galerie Maznel.
Et progressivement l’artiste glisse vers l’univers aquarellé des carnets de voyage, et de la vie sauvage. 

Son expérience de plus de 20 ans comme peintre de toiles de théâtre et décorateur sur de nombreux films (Jean de Florette, Camille Claudel, L’amant, L’ange) lui a peut-être donné le goût des grands formats. Il y a travaillé pour des noms à l’affiche de la scène française (Jérôme SAVARY, Marcel MARECHAL) et dans des théâtres célèbres (Odéon Marseille, Chaillot, Opéra Marseille, Théâtre de la Criée).

Ou bien est-ce pour rendre hommage aux cargos et autres navires gigantesques qui ont peuplé son enfance à la Ciotat, où il est né et où toute sa famille travaillait sur les chantiers navals ?

Il expose depuis 1979. Son style dépouillé se concentre sur le dessin, la couleur et la mise en scène. Son regard sur les espaces industriels portuaires exalte ces beautés à la fois vides et gigantesques, où le monde du travail a forgé des sites grandioses. 

Son approche picturale est paradoxale : entre dessin et peinture, entre gris et couleurs, entre détail technique et esquisse. Les œuvres laissent une vaste place au blanc du papier, marouflé sur toile. Le choix d’un support en papier, lisse et sans grain, tient à la passion de Christian REVEST pour le dessin, dessin d’architecture et industriel, qui sous-tend son travail.

Les cargos immenses aux couleurs éclatantes émergent d’un environnement de grisailles métalliques, fait de lignes et de constructions graphiques au crayon, à la pierre noire ou à l’encre. L’artiste utilise pour la couleur des crayons, des encres, de l’aquarelle, mais surtout de la gouache, qu’il mélange à de la colle pour accentuer son aspect mat et velouté.

Au terme d’une phase préparatoire minutieuse sur place puis en atelier, le travail sur la toile met en majesté les lignes de fuite des architectures portuaires et la présence monumentale des coques, avec une incontestable théâtralité.